La littérature du milieu du XXe au début du XXIe siècle: L'existentialisme


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Ami.e.s De Lire bonjour,

Bienvenue dans le tout dernier épisode de notre série de l'été intitulée Une exploration de l'histoire fascinante de la littérature française.

Après avoir vu la littérature française du début du XXe siècle marquée par le surréalisme, aujourd'hui, je vais vous parler du mouvement philosophique et littéraire caractéristique de notre époque contemporaine : l'existentialisme.

Vous avez sûrement entendu parler de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Albert Camus ou encore Maurice Merleau-Ponty, qui sont les principaux représentants de ce mouvement.

Un peu d'histoire 

L'existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui a émergé au XXe siècle, en réaction à la crise existentielle provoquée par la Première Guerre mondiale et les bouleversements sociaux et culturels qui ont suivi. 

La Première Guerre mondiale (1914-1918) a provoqué un choc traumatique pour les populations européennes, confrontées à la violence, à la mort et à la destruction de masse. 

Cette guerre a remis en cause les valeurs de la civilisation occidentale, fondées sur la raison, le progrès et l'humanisme. Elle a également entraîné une crise des idéologies politiques, comme le nationalisme, le libéralisme ou le socialisme.

L'entre-deux-guerres (1919-1939) a été une période de bouleversements sociaux et culturels, marquée par la montée des totalitarismes (fascisme, nazisme, stalinisme), la crise économique de 1929, l'essor des mouvements ouvriers et des revendications féministes, ainsi que par l'apparition de nouvelles formes artistiques (surréalisme, jazz, cinéma).

« Paris la nuit, dans un dancing de Montmartre », planche en couleurs de Manuel Orazi pour l'ouvrage collectif (préfacé par Edmond Haraucourt), L'amour et l'esprit gaulois à travers l'histoire du XVe au XXe siècle, tome IV, Paris, Martin-Dupuis, 1927.*

La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) a été encore plus meurtrière et destructrice que la première. Elle a révélé l'horreur de la Shoah, le génocide des Juifs perpétré par les nazis, ainsi que l'usage de la bombe atomique par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki. Elle a également entraîné la décolonisation des empires européens et l'émergence de la guerre froide entre les deux blocs antagonistes : l'URSS et les États-Unis.

Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut à gauche : troupes du Commonwealth dans le désert ; civils chinois enterrés vivants par des soldats japonais ; centre de Stalingrad après sa libération ; avions de combat japonais prêts à s'envoler sur le pont du porte-avions Shōkaku ; prise de Berlin par les soldats de l'Armée rouge ; sous-marin allemand subissant une attaque.*

L'après-guerre (1945-1968) a été une période de reconstruction et de croissance économique, mais aussi de tensions politiques et sociales.

Affiche de mai 68 *

Les pays européens ont connu des mouvements de libération nationale, comme en Algérie ou en Hongrie, ainsi que des contestations étudiantes et ouvrières, comme en France en mai 1968. 

Ganhdi pendant la Marche du sel, 1930*

Les pays du tiers-monde ont revendiqué leur indépendance et leur développement face aux puissances occidentales. 

La lutte pour les droits civiques aux USA, Martin Luther King en tête de cortège de la Freedom March , Selma 1965 © Bruce Davidson/Magnum Photos *

Les droits civiques des minorités ont été défendus aux États-Unis par des leaders comme Martin Luther King ou Malcolm X.

Pour ainsi dire,

Dans ce contexte historique complexe et mouvementé, l'existentialisme a proposé une réflexion sur le sens de l'existence humaine, face à l'absurde, à la liberté et à la responsabilité. Il a cherché à affirmer la valeur de l'individu face aux systèmes qui prétendent le déterminer ou le dominer. Il a également exprimé une exigence d'engagement dans l'action et dans l'histoire.

Il se caractérise par une attention portée à la situation concrète de l'individu, confronté à sa liberté, à sa responsabilité et à sa quête de sens. L'existentialisme se distingue des doctrines théologiques, philosophiques ou morales qui prétendent définir l'essence de l'être humain ou lui imposer des normes universelles.

L'origine de l'existentialisme remonte à des penseurs du 19e siècle, comme Søren Kierkegaard et Friedrich Nietzsche, qui ont remis en question les fondements de la pensée traditionnelle et exploré des thèmes tels que l'angoisse, la foi, la subjectivité, la volonté de puissance ou le nihilisme. 

Leur influence se fait sentir sur des philosophes du début du XXe siècle, comme Miguel de Unamuno, Léon Chestov, Nicolas Berdiaev, Martin Buber ou Karl Jaspers.

L'existentialisme a également eu un impact sur la littérature, notamment avec les œuvres d'Albert Camus, Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty. 


Mon top 5 des écrivains existentialistes

Ces auteurs ont illustré des thèmes existentiels comme l'absurde, l'aliénation, l'engagement ou la condition féminine. 

Jean-Paul Sartre (1905-1980)


Le principal représentant de l'existentialisme est le philosophe français Jean-Paul Sartre, qui a développé sa vision existentialiste dans les années 1940 et 1950. 

Il a exposé sa conception de l'existentialisme dans son ouvrage L'Être et le Néant (1943) et dans sa conférence L'Existentialisme est un humanisme (1946). 

Selon Sartre, l'existence précède l'essence : cela signifie que l'être humain n'a pas de nature définie à l'avance, mais qu'il se définit par ses choix et ses actions. 

Sartre affirme également que l'être humain est condamné à être libre : il ne peut pas se dérober à sa liberté ni à la responsabilité qu'elle implique. 

Il doit assumer les conséquences de ses choix et reconnaître qu'il est le seul maître de son destin. 

Sartre met en garde contre la tentation de la mauvaise foi : c'est-à-dire le fait de se mentir à soi-même ou de se réfugier derrière des excuses pour éviter d'affronter sa liberté.

La Nausée (1938) de Jean-Paul Sartre, qui raconte le malaise existentiel d'un historien qui découvre que le monde est dénué de sens et que sa propre existence est superflue.

La Nausée est le premier roman de Jean-Paul Sartre, publié en 1938. C’est une œuvre philosophique qui illustre la pensée existentialiste de l’auteur, selon laquelle l’existence précède l’essence, et que l’homme est libre et responsable de ses choix et de ses actes.

Le roman se présente sous la forme d’un journal intime, tenu par le personnage principal, Antoine Roquentin. Roquentin est un historien qui vit à Bouville, une ville imaginaire inspirée du Havre, où Sartre a enseigné la philosophie. Il travaille sur la vie d’un aristocrate du XVIIIe siècle, le marquis de Rollebon, mais il se désintéresse progressivement de son sujet. Il se sent envahi par une sensation étrange et désagréable, qu’il appelle la nausée, et qui lui révèle l’absurdité et la contingence de son existence. Il prend conscience qu’il n’a pas d’essence, qu’il n’est rien d’autre que ce qu’il fait, et que rien ne justifie sa présence au monde. Il se sent étranger à lui-même et aux autres, et il ne trouve aucun sens ni aucune valeur à sa vie.

Roquentin rencontre quelques personnages qui incarnent des attitudes différentes face à l’existence : l’Autodidacte, un humaniste naïf qui croit au progrès et à la culture ; Anny, son ancienne maîtresse, qui vit dans l’imaginaire et le souvenir ; le patron du café Mably, qui se réfugie dans la routine et les habitudes ; le prêtre Mercier, qui tente de le convertir à la foi religieuse. Mais Roquentin rejette ces tentatives de fuir ou de masquer l’absurde, et il affronte sa condition avec lucidité et courage. Il décide d’abandonner son projet historique, et de se consacrer à l’écriture d’un roman, qui serait le seul moyen de donner une forme et une signification à son expérience.

La Nausée est un roman qui pose des questions fondamentales sur le sens de la vie, la liberté, la responsabilité et la dignité humaine. Il exprime une vision du monde lucide et révoltée, qui rejette toute illusion ou consolation. Il invite le lecteur à réfléchir sur son rapport à lui-même, aux autres et à l’histoire. Il est considéré comme un chef-d’œuvre du roman moderne et comme une introduction à la philosophie de Sartre.

Albert Camus (1913-1960)


Albert Camus est un écrivain, philosophe et journaliste français, né en 1913 en Algérie et mort en 1960 en France. Il est considéré comme l’un des auteurs majeurs du XXe siècle, et a reçu le prix Nobel de littérature en 1957. Son œuvre se caractérise par une réflexion sur l’absurdité de la condition humaine, la révolte face à l’injustice et la solidarité entre les hommes. Il est notamment l’auteur de romans comme L’Étranger, La Peste ou La Chute, d’essais comme Le Mythe de Sisyphe ou L’Homme révolté, et de pièces de théâtre comme Caligula ou Les Justes. Il a également été un journaliste engagé, qui a dénoncé le nazisme, le stalinisme et la guerre d’Algérie. Il est mort dans un accident de voiture à l’âge de 46 ans. 

L'Étranger (1942) d'Albert Camus publié en 1942, narre le procès d'un homme qui a tué un Arabe sans motif apparent et qui refuse de se conformer aux normes sociales et morales de son époque. C’est une œuvre majeure de la littérature française, qui appartient au courant de l’existentialisme.

Le roman raconte l’histoire de Meursault, un employé de bureau qui vit à Alger, en Algérie française. Meursault est un personnage qui ne ressent pas d’émotions fortes, qui ne se conforme pas aux normes sociales, et qui ne croit pas en Dieu. Il est considéré comme un étranger par les autres, et par lui-même. 

Le roman se divise en deux parties :

Dans la première partie, Meursault apprend la mort de sa mère, qu’il avait placée dans un asile. Il assiste à son enterrement sans manifester de chagrin. Le lendemain, il rencontre Marie, une ancienne collègue, avec qui il entame une relation amoureuse. Il se lie également d’amitié avec son voisin Raymond, un proxénète violent. Un dimanche, il accompagne Raymond et Marie à la plage, où ils sont confrontés à des Arabes, dont le frère de l’ex-maîtresse de Raymond. Une bagarre éclate, et Meursault tue l’un des Arabes avec le revolver de Raymond.

Dans la deuxième partie, Meursault est arrêté et jugé pour son crime. Il est interrogé par le juge d’instruction, l’avocat général, son avocat et le prêtre. Tous ces personnages tentent de comprendre les motivations de Meursault, et de lui faire exprimer des remords ou des regrets. Mais Meursault reste indifférent et honnête, il ne cherche pas à se justifier ou à se repentir. Il est condamné à mort par le jury, qui le juge coupable d’avoir tué un homme, mais aussi d’avoir manqué de respect à sa mère et à Dieu. Meursault refuse la visite du prêtre avant son exécution, et affirme qu’il est heureux de vivre.

L’Étranger est un roman qui pose des questions sur le sens de la vie, la liberté, la morale et la justice. Il met en scène un héros qui assume pleinement son existence, sans se soucier du regard des autres ou des conventions sociales. Il exprime une vision du monde lucide et révoltée, qui rejette toute illusion ou consolation.

Simone de Beauvoir (1908-1986)


Simone de Beauvoir est une philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française, née le 9 janvier 1908 à Paris et morte le 14 avril 1986 dans la même ville. Elle est considérée comme une théoricienne majeure du féminisme, grâce à son essai Le Deuxième Sexe, publié en 1949, dans lequel elle analyse la condition féminine dans la société patriarcale. Elle est aussi connue pour sa relation amoureuse et intellectuelle avec le philosophe Jean-Paul Sartre, avec qui elle partage les idées de l’existentialisme. 

Elle a écrit plusieurs romans, comme L’Invitée, Le Sang des autres ou Les Mandarins, qui lui a valu le prix Goncourt en 1954. Elle a également rédigé des mémoires, comme Mémoires d’une jeune fille rangée et La Force de l’âge, qui témoignent de son parcours et de son engagement politique. Elle a milité pour la décolonisation, les droits des femmes et la liberté d’expression. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse, aux côtés de Sartre. 

Le Deuxième Sexe (1949) de Simone de Beauvoir, est un  essai qui analyse la condition féminine dans une société patriarcale et qui revendique l'autonomie et l'égalité des femmes. C’est une œuvre majeure de la philosophie féministe, qui analyse la condition des femmes dans la société et dans l’histoire. L’auteure s’appuie sur la pensée existentialiste, qui affirme que l’existence précède l’essence, c’est-à-dire que l’être humain se définit par ses choix et ses actions, et non par une nature prédéterminée. 

Ainsi, Beauvoir remet en cause l’idée d’un éternel féminin, qui serait une essence immuable et universelle. Elle montre que la femme est définie comme l’Autre, le second sexe, par rapport à l’homme, qui est considéré comme le sujet universel. 

Elle dénonce les mécanismes de domination et d’oppression qui ont conduit à cette situation, et qui se manifestent dans la biologie, la psychanalyse, la religion, la littérature, la politique, etc. 

Elle propose également des pistes pour l’émancipation des femmes, en les encourageant à prendre conscience de leur situation, à revendiquer leur liberté et leur égalité, et à participer activement à la vie sociale.

Le Deuxième Sexe se compose de deux tomes : le premier tome s’intitule “Les faits et les mythes” et expose les données objectives et les représentations symboliques de la féminité. Le second tome s’intitule “L’expérience vécue” et décrit les différentes étapes de la vie d’une femme, de l’enfance à la vieillesse, en passant par l’adolescence, la sexualité, le mariage, la maternité, le travail, etc. Chaque tome est divisé en plusieurs parties et chapitres, qui abordent des aspects variés et complexes du sujet.

Le Deuxième Sexe a eu un grand impact sur le mouvement féministe et sur la pensée contemporaine. Il a été salué par de nombreux intellectuelles et intellectuels, mais aussi critiqué et attaqué par certains milieux conservateurs ou religieux. Il a été traduit dans plusieurs langues et vendu à des millions d’exemplaires. Il reste aujourd’hui une référence incontournable pour comprendre les enjeux du genre et de la condition féminine.

Boris Vian (1920-1959)


Boris Vian n’était pas un existentialiste au sens strict du terme, mais il fallait absolument que je vous parle de ce personnage ! 

Bison Ravi alias Vernon Sullivan et consorts a été influencé par le courant philosophique et littéraire de l’existentialisme, notamment par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. 

Il a fréquenté le quartier de Saint-Germain-des-Prés, où se réunissaient les intellectuels existentialistes, et il a participé à des débats et des conférences sur le sujet. Il a aussi parodié l’existentialisme dans certains de ses écrits, comme dans son Manuel de Saint-Germain-des-Prés ou dans son roman L’Écume des jours, où il invente le personnage de Jean-Sol Partre, une contrepèterie du nom de Sartre. 

Boris Vian partageait avec l’existentialisme l’idée que l’homme est libre et responsable de ses choix, mais il se distinguait par son humour, son imagination et sa fantaisie. Il a créé un univers surréaliste et poétique, où il exprimait sa révolte contre la société, la guerre, la mort et l’absurde. 

L’Écume des jours est un roman de Boris Vian, publié en 1947. C’est une œuvre originale et poétique, qui mêle le fantastique, l’humour et la tragédie. L’histoire suit les aventures de Colin, un jeune homme riche et insouciant, qui tombe amoureux de Chloé, une jeune femme charmante. Leur bonheur est menacé par la maladie de Chloé, qui a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Pour la soigner, Colin dépense tout son argent et se ruine. 

Le roman décrit aussi les péripéties de leurs amis, Chick, un fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, et Alise, sa fiancée jalouse. Le roman se déroule dans un univers surréaliste, où les objets ont une vie propre, où les lois de la physique sont bafouées, où le temps et l’espace se modifient selon l’humeur des personnages. Le roman est à la fois une satire de la société moderne, une critique de la religion et de la philosophie, et une ode à l’amour et à la musique. 

Maurice Merleau-Ponty (1908-1961)


Maurice Merleau-Ponty est un philosophe français du XXe siècle, qui a contribué au développement de la phénoménologie. 

Il a cherché à décrire la perception comme le mode fondamental de notre rapport au monde, en s’opposant aux conceptions dualistes ou intellectualistes de la connaissance. Il a aussi réfléchi sur les questions de l’art, de la politique, de la langue et de l’histoire, en adoptant une perspective existentielle et humaniste. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages importants, comme La Structure du comportement, Phénoménologie de la perception, Le Visible et l’invisible et L’Œil et l’esprit. Il a été professeur au Collège de France et a influencé de nombreux penseurs contemporains. 

L’œil et l’esprit est un essai de Maurice Merleau-Ponty, publié en 1960. C’est le dernier ouvrage qu’il a achevé de son vivant. Dans cet essai, il s’intéresse à la relation entre la vision et la peinture, en prenant comme exemple l’œuvre de Cézanne. 

Un peintre au travail par Paul Cézanne (1839-1906), vers 1874

Il montre que la vision n’est pas une simple réception passive des images, mais une activité créatrice qui implique le corps et l’esprit. Il critique les conceptions dualistes ou intellectualistes de la connaissance, qui séparent le sujet et l’objet, et propose une phénoménologie de la perception, qui reconnaît le primat du monde vécu et vivant. Il affirme que la peinture est un langage qui exprime la vérité du visible, en dépassant les apparences et les conventions. Il analyse aussi les rapports entre l’art et la science, entre le visible et l’invisible, entre l’œil et l’esprit. 

Eugène Ionesco (1909-1994)

photo: courrierdesbalkans.fr 

Eugène Ionesco (1909-1994) était un auteur d’un genre théâtral appelé le Théâtre de l’Absurde, caractérisé par un manque apparent de sens et de logique, une étude peu approfondie des personnages et des dialogues dépourvus de sens.

Ionesco n’était pas un existentialiste au sens strict du terme, mais il partageait avec certains penseurs existentialistes comme Sartre ou Camus une vision pessimiste et désabusée de la condition humaine, confrontée à l’absurdité du monde et à la mort.

Ionesco avait une conception de l’absurde selon laquelle l’homme est perdu, coupé de ses racines religieuses ou métaphysiques, et que toute sa démarche devient insensée, inutile, étouffante.

Rhinocéros est une pièce de théâtre écrite par Eugène Ionesco, publiée en 1959 et créée à Paris en 1960. C’est une œuvre emblématique du théâtre de l’absurde, qui met en scène la transformation progressive des habitants d’une ville en rhinocéros. 

Ionesco s’inspire de son expérience personnelle de la montée des totalitarismes en Europe dans les années 1930 et 1940, notamment du fascisme et du nazisme. Il dénonce ainsi le conformisme, la violence et la perte d’identité des individus face aux idéologies dominantes. Il utilise le rhinocéros comme symbole de la brutalité, de la bêtise et de l’uniformisation.

La pièce se compose de trois actes et quatre tableaux. 

Elle met en scène deux personnages principaux : Bérenger, un employé médiocre et alcoolique, et Jean, son ami et collègue, plus cultivé et rationnel. 

Au début de la pièce, ils assistent à l’apparition d’un rhinocéros dans la rue, qui provoque la stupeur et l’effroi des témoins. 

Peu à peu, d’autres rhinocéros apparaissent et certains habitants commencent à se métamorphoser en ces animaux. Jean est l’un des premiers à subir cette transformation, tandis que Bérenger tente de le raisonner. 

Au fur et à mesure que la pièce avance, la « rhinocérite » se propage et devient une véritable épidémie. 

Les personnages secondaires, comme Daisy, la collègue et amoureuse de Bérenger, ou Dudard, le chef de service, finissent par succomber à la tentation de rejoindre le troupeau des rhinocéros. 

Bérenger reste le seul être humain à résister à cette contagion, mais il se sent isolé et incompris. La pièce se termine sur son cri de révolte : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! »

Rhinocéros est une pièce qui mêle le comique et le tragique, le réalisme et le fantastique, le grotesque et le pathétique. Elle pose des questions existentielles sur le sens de la vie, la liberté, la responsabilité et la dignité humaine. Elle invite le spectateur à réfléchir sur son rapport aux autres, à la société et à l’histoire. Elle est considérée comme un chef-d’œuvre du théâtre moderne et a connu un grand succès critique et public.

Ce qu'il faut retenir

L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui considère que l’être humain forme l’essence de sa vie par ses propres actions, celles-ci n’étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales1.

L'existentialisme est une philosophie qui affirme que l'existence précède l'essence, c'est-à-dire que l'homme est libre de choisir son destin et de donner un sens à sa vie, sans se référer à une quelconque transcendance ou à une nature humaine préétablie. 

L'homme est donc responsable de ses actes et de ses valeurs, mais il doit aussi assumer l'angoisse, la solitude et l'absurdité de son existence dans un monde indifférent et chaotique.

L'existentialisme se manifeste dans la littérature à travers des œuvres qui mettent en scène des personnages confrontés à des situations extrêmes, comme la mort, la guerre, la maladie, la violence ou l'aliénation sociale. 

Ces personnages sont souvent en quête de sens, de liberté ou d'authenticité, mais ils se heurtent à des obstacles, des dilemmes ou des contradictions qui les plongent dans le doute, le désespoir ou la révolte.

Les œuvres existentialistes se caractérisent par un style sobre, direct et parfois ironique, qui vise à exprimer la complexité et la singularité de la condition humaine.

L'existentialisme a également inspiré des courants artistiques comme le théâtre de l'absurde ou le cinéma d'auteur.

L'existentialisme a connu un essor après la Seconde Guerre mondiale, mais il a été critiqué par d'autres courants philosophiques comme le structuralisme ou le poststructuralisme. 

Ces courants ont remis en cause la notion de sujet libre et autonome, en montrant que l'être humain est déterminé par des structures sociales, linguistiques ou historiques.

Cependant, l'existentialisme a laissé une trace durable dans la philosophie contemporaine, en posant des questions fondamentales sur le sens de la vie et le rôle de l'individu dans le monde.

Le mot de la fin


**Je précise que tous les classements sont non exhaustifs et purement subjectifs signés De Lire Délire.

Dans tous les cas, j'espère que ce billet vous a donné envie de vous replonger dans la littérature française de l'existentialisme.




Ainsi s'achève notre série de l'été Une exploration de l'histoire fascinante de la littérature française.

J'espère que cela vous a plu et que vous avez pu apprendre beaucoup de choses.

N'hésitez pas à me faire part de vos impressions ou à me conseiller vos lectures préférées en commentaires ou via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.

Littérairement vôtre,

Aïkà

*Images Wikipédia et Éditeur