Lu & Approuvé : 13'Ohina de Jean Hono




Temps de lecture estimé : 2 minutes_

Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant de toute chose, je tiens à remercier chaleureusement les éditions Librinova pour cette découverte éditoriale remarquable.


Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé 13'Ohina de Jean Hono, paru en 2023 aux éditions Librinova.


PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR


De l’archipel d’Hawaï à l’île de Pâques…

Hinarereitepo, fille du monde des esprits, et Teura, fille du feu, deux jeunes femmes aux destins liés par la lune, un rêve obsédant, et Ho, une étrange magicienne.

Deux vies en parallèle…

Une ancienne tragédie, sur fond de guerres claniques, poussera Hinarereitepo aux confins du monde connu, à la recherche d’un nouveau paradis.

Une autre tragédie, moderne celle-là, conduira Teura à reconsidérer sa vie sentimentale.

Parviendront-elles, avec l’aide de Ho, de la lune Turu et du monde des esprits, à surmonter la disparition, dans des conditions effroyables, de leurs compagnons respectifs ?

Trouveront-elles, enfin, par-delà l’espace et le temps, leur havre de paix, et pourront-elles y reconstruire leurs vies ?


Un voyage initiatique et amoureux à travers la Polynésie


13 'Ohina est un roman de Jean Hono qui nous fait découvrir la culture polynésienne à travers l’histoire d’une jeune femme d'aujourd'hui, Hina, guidée par ses rêves, qui part à la recherche de ses origines.


Ce livre est à la fois un conte, une romance et un essai, ce qui peut dérouter le lecteur, mais qui témoigne aussi de la richesse et de la diversité de cette civilisation.

Pour ma part,


Fascinant et dépaysant!

Oscillant entre rêve et réalité, le récit nous fait voyager dans le temps et dans l’espace, en retraçant le peuplement des îles du Pacifique depuis le Pérou, en passant par les légendes et les mythes qui ont guidé les navigateurs explorateurs.

On apprend ainsi beaucoup de choses sur les coutumes, les mœurs, les croyances, les langues, le tatouage et les arts polynésiens. Le livre contient d’ailleurs des expressions authentiques en langue ancestrale, avec la traduction en français, ce qui renforce le réalisme et l’immersion du lecteur.

L’histoire de Hina est aussi une histoire d’amour, entre elle et une jeune femme qui l’accompagne dans sa quête. Leur relation est pleine de tendresse, de passion et de respect, mais aussi de conflits et de secrets. Le roman aborde des thèmes universels comme l’identité, la famille, le destin, le courage et la liberté.

Véritable ode aux milles splendeurs et fantasmes que regorgent les îles paradisiaques,13'Ohina est un roman qui se lit avec plaisir, un voyage à la fois culturel et sensuel.

C’est un livre que je recommande à tous ceux qui aiment ou désirent en savoir plus sur la culture polynésienne qui mérite d’être connue et respectée.

Quelques citations :


"Ce n’est pas dans notre culture d’exclure des gens, notre société est viscéralement agrégative, c’est dans notre manava (...) Comment prétendre enseigner notre culture en étant, à ce point, en désaccord avec ses principes fondamentaux ?"

"Elles s’arrêtèrent d’abord acheter des fruits à un marchand de bord de route – ne jamais arriver les mains vides….
Elles prirent des bananes, papayes, mangues et un gros ‘uru."

"Il était d’usage de « arofa », saluer, tous ceux qu’on croisait, d’un signe de la main, d’un léger coup de menton associé à un haussement des sourcils, ou du « hang loose » hawaiien, signe d’appartenance à la même culture."

"Au nord, il ne restait qu’une montagne épaulée de deux grandes baies, cicatrices de la dernière colère du vieux volcan.
On avait cru bon de baptiser l’une d’elles du nom d’un soi-disant grand navigateur et explorateur anglais, ce qui faisait doucement rire les indigènes du cru, eux dont les ancêtres avaient terminé l’exploration du Pacifique depuis plus de mille ans.
D’ailleurs, au début de la colonisation, les missionnaires s’empressèrent de faire détruire les grandes pirogues de haute mer.
Il était en effet impossible que ces sauvages soient meilleurs marins !
Un petit lavage de cerveau plus tard, eux-mêmes ne l’imagineraient même pas…"

"Sa peau, nourrie de mono’i et gorgée de soleil, était d’un velours incomparable."

"Ce temple en plein air, dédié aux anciens dieux, n’avait jamais vu d’archéologue.
D’après Ho c’était le marae le plus élevé de l’île, au plus près des étoiles.
Son nom était Tau’atitere74, curieuse référence aux voyages des grandes pirogues, si loin de la mer….
Les propriétaires de la terre le considéraient maudit et hanté, on disait que les Tūpāpa’u y pratiquaient des sacrifices humains."

"Iirimihi était une farouche guerrière, elle avait les sens aiguisés d’un fauve.
D’ailleurs, elle avait tout d’un fauve, la force et la souplesse, alliées à une grâce féline, c’était une beauté animale.
Avec sa fronde, elle faisait mouche à tous les coups, même dans l’obscurité.
Plusieurs guerriers réputés en avaient fait les frais et lui avaient abandonné leur vie.
On la surnommait la faucheuse d’âmes."


"D’un ananas « Queen Victoria » – qui nous a fait tant de mal – prélever les plus belles tranches et retirer le cœur.
Dans une poêle à fond plat, faire frire des tranches de bacon et réserver.
Dans la même poêle, et à condition que le beurre n’ait pas brûlé, faire rôtir les tranches d’ananas et réserver.
Clarifier les œufs.
Toujours dans la même poêle, poser les blancs d’œufs puis, vivement, les tranches d’ananas rôties sur les blancs en cours de cuisson.
Enfin, remplir l’emplacement du cœur des tranches d’ananas par les jaunes d’œufs, saler peu, poivrer.
Lorsque la cuisson du jaune paraît satisfaisante, retirer du feu, dresser en décorant avec le cœur du fruit détaillé en petits cubes, et la tranche de bacon.
Accompagner avec une salade réalisée avec le reste de l’ananas et d’autres fruits du jardin."


"Le repas serait servi sur des feuilles de bananier disposées au milieu de grands pē’ue autour de la piscine.
En guise d’assiettes, des feuilles de ti.
On mangerait avec les doigts « à la locale », ce qui facilite grandement la vaisselle."


"Ici, les arbres et les hommes sont petits, par humilité et respect envers la montagne."

"Les dieux nous gardent de cette boisson, le kava n’enivre pas, il aiguise la pensée et libère la parole !"


"Lorsque, venant du nord, vous apercevrez le grand poisson flottant sur l’eau, vous saurez alors que vous approchez de votre 'āina (Patrie)."


"Celui-ci désignait les étoiles, donnait leur nom, leur position dans le temps, et leur usage en navigation.
Te vai ora a Tāne, l’eau vive du dieu Tāne, la voie lactée, avec, en son sein, Te matau ia Maui, l’hameçon de Maui, que les européens nomment « queue du scorpion ».
La constellation des Pléiades, Matari’i, qui, selon sa position au-dessus – i ni’a – ou au dessous – i raro – de l’horizon annonçait la période d’abondance ou la disette.
Ta’urua, l’étoile du berger qui semble suivre le soleil, toujours à l’est avant son lever et toujours à l’ouest après son coucher.
Et puis Nā Hui Tārava ia Mere, la constellation d’Orion, et Tauhā, la croix du sud…"

"Cela commençait par la cérémonie du kava.
Cette boisson, de couleur « café au lait » préparée à partir de la racine d’une espèce de poivrier était légèrement amère.
Elle permettait de libérer la parole de ses consommateurs et de les relaxer, évitant ainsi les discussions houleuses ou même les bagarres, lorsque des sujets délicats étaient abordés. (...) Dans les temps anciens, la fabrication du kava était confiée à de jeunes vierges qui devaient mâcher la racine et recracher le jus obtenu dans le Tanoa.
Le contenu était ensuite dilué avec de l’eau de coco."


"Nous tous, dans le Pacifique, à des degrés divers, avons été dépossédés de nos terres.
Selon les endroits et les colonisateurs, cela c’est passé de différentes façons.
Plusieurs méthodes ont été utilisées.
La première d’entre elles est celle que j’appellerai la méthode directe :
En plus des maladies importées, le colonisateur use de la violence : meurtres, enlèvements et « rééducation » des enfants, alcoolisation des populations, les mettant au bord de l’extinction, récupérant leurs terres au passage.
Puis il parque le reste dans des réserves pour se donner bonne conscience : « on les a sauvés de la disparition ».
Ben voyons !"

Jean Hono in 13'Ohino, Librinova, 2023.

Chapitres

Prologue 
MAITU, 14ième lune du mois ārehu
TURU, l'aide du Pō23
TIREO78, la suite du rêve
RAPU, la confusion
'OHUA, le tatouage
TA'AROA MUA, récit de voyage
HOTU, enseignement
HUNA, levée d'un tabou
MARA'I, le village de la chenille
TĀNE, la mort de Mata'u'ore
TAMATEA, la vengeance de Teura
RO'O NUI, la renaissance des dieux
MUTU a fano ra245, la séparation 
Épilogue 

Pour conclure,


+ Le bon point : Instructif, sensuel et paradisiaque, le récit à lui tout seul est un univers qui vaut bien la traversée du Pacifique.

- Le moins bon point :  Nombreuses sont les expressions en langue originelle austronésienne qui jalonnent le récit. Malgré les efforts d'immersion contextuelle, le lecteur doit s'interrompre pour vérifier la traduction en français. Énigmatique dans tous les sens du terme: le mélange rêve-réalité peut parfois porter à confusion, tant et si bien que le lecteur cartésien ne saurait en déterminer les limites, un effet voulu par l'auteur?

* La note De Lire Délire : 15/20


LE SAVIEZ VOUS ?

Jean Hono est un auteur français qui a publié deux romans inspirés par la culture et la société polynésiennes : 13’Ohina et Disparitions. Ses livres sont disponibles en format broché ou ebook sur la plateforme d’auto-édition Librinova. Il apprécie les œuvres d’Émile Zola et de Boris Vian.

Et vous, avez-vous déjà lu 13'Ohina de Jean Hono ?

Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis en commentaire ou via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.

Littérairement vôtre,


Aïkà