Lu & Approuvé : De sel et de sang de Fred Panoruzzi et Vincent Djinda

Temps de lecture estimé : 2 minutes_

Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Aujourd'hui nous allons parler du roman graphique intitulé De sel et de sang de Fred Paronuzzi et Vincent Djinda, paru en mai 2022 aux éditions Les Arènes BD, 144 pages, finaliste du Prix Orange de la Bande Dessinée 2023.

Go!

PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

Plongez dans un épisode peu connu de l’histoire qui s’est produit à Aigues-Mortes. Cette bande dessinée vous permet de comprendre le conflit qui a divisé les italiens et les français dans les marais salants.

Ce mois d’août 1893 aurait pu disparaître des mémoires. La ville gronde d’une colère folle. L’étranger devient un animal à abattre, sans état d’âme.
Saura-t-on jamais ce qui a déclenché une telle folie ?

Les auteurs de De sel et de sang s’emparent librement de ces faits réels (qui ont une troublante résonance avec le monde d’aujourd’hui) et racontent ces moments de démence, qu’un journaliste du Journal du Midi a décrit comme « indignes d’un peuple civilisé » (édition du 18 août 1893). On y découvre comment les discours nationalistes et cocardiers, les fantasmes xénophobes et la vieille rengaine « fiers d’être français », ont incité des laissés-pour-compte à se déchaîner contre leurs frères de misère avec une effrayante sauvagerie.


Aigues-Mortes 1893 : quand la xénophobie déchaîne la violence


À la mémoire des victimes du massacre d'Aigues-Mortes, en 1893, où des ouvriers français ont tué sauvagement des saisonniers italiens dans les marais salants, les auteurs nous plongent dans les circonstances de cette tragédie méconnue de l'histoire de France.

Sur base de témoignages et de documents d'archives, cette mise en bulles est une reconstitution rigoureuse des grandes lignes de ce lynchage, avec tout de même quelques détails fictifs pour un récit poignant et bouleversant.



Pour ma part,


Tout commence sous une chaleur harassante, le 16 août 1893, au Marais de la Fangouse exploité par la Compagnie dans la commune d'Aigues- Mortes.

Une bagarre éclate chez les "forçats du sel" à bout de nerfs. 

Une rixe entre les trimards français et les immigrés transalpins, qui prend des proportions inattendues et horribles;  vous en découvrirez tous les détails en lisant l'album.

Le récit nous est conté par la veuve Roussel, la patronne de la boulangerie.

Celle qui a participé héroïquement à la défense des immigrés italiens nous raconte de son point de vue les origines de la violence, l'étincelle de la colère qui a mis le feu à la poudrière de la haine et la suite des évènements : la traque des étrangers appelée "la chasse à l'Ours", leur mise à mort par lynchage et l'épilogue historique.

Le récit est rythmé en plusieurs temps. Il n'y a pas de chapitrage mais à la place, un monticule de sel, maculé de sang au fur et à mesure que l'on avance dans la tragédie : quelle métaphore percutante!

Il y a deux couleurs majoritaires dans cet album : le blanc, celui du papier, pour représenter le sel ainsi que l'atmosphère aliénante et aveuglante d'une vie de labeur sous un soleil de plomb ; et la palette terre de Sienne pour dépeindre l'ambiance âpre et suffocante au sein des différents rassemblements.

Le dessin des personnages a ceci de particulier que les traits sont nerveux, tendus, déformés par la haine, les yeux revulsés, les corps crasseux et les muscles en congestion.

Une prouesse graphique qui me rappelle le tableau intitulé El Tres de Mayo 1808 en Madrid par Francisco de Goya (1814).


Tableau: El Tres de Mayo 1808 en Madrid par Francisco de Goya, 1814

Il en résulte un album historique effroyable et réaliste nous invitant à réfléchir sur les conséquences dramatiques de la haine de l'autre, du racisme et de la violence. 

Le récit rappelle par ailleurs que l'immigration est une réalité ancienne et complexe, qui ne peut être réduite à des clichés ou des stéréotypes. 


"- Misérables! Qu'est-ce qui vous prend d'attaquer ... un pauvre ouvrier comme nous ?!
- Ton pauvre ouvrier, il mange le pain des Français !
- Bougre de *ouillon, ce ne sont pas eux les affameurs !"


De cet album, je retiendrai longtemps un témoignage nécessaire dont certaines séquences d'humanité, de résistance et de solidarité m'ont donné les larmes aux yeux.


"- Marie ... Je suis si fière de toi. Mon enfant."





Pour conclure, 


+ Le bon point : De sel et de sang est une œuvre qui rend hommage aux victimes d'un massacre oublié par l'histoire, mais qui résonne encore aujourd'hui avec les enjeux de l'immigration, du travail et de la xénophobie. L'album interpelle, émeut et invite à réfléchir sur les conséquences tragiques de la haine de l'autre. À lire et à faire lire, pour ne pas oublier.

* La note De Lire Délire : 20/20

LE SAVIEZ VOUS ?

Fred Paronuzzi est un auteur français qui écrit principalement pour la jeunesse. Il est aussi professeur de lettres-anglais et passionné de voyages.

Vincent Djinda est un auteur et dessinateur français, né en 1983. Il a réalisé plusieurs albums de bande dessinée comme Et pourtant elles dansent et Zia Flora. De sel et de sang est son dernier album en date.


Et vous, avez-vous déjà lu De sel et de sang de Fred Panoruzzi et Vincent Djinda ? Avez vous déjà lu un autre ouvrage historique tout aussi poignant ?

Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis en commentaire ou via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.


Littérairement vôtre,

Aïkà 

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