#Larévoltedesfillesperdues#NetGalleyFrance_ Lu & Approuvé


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Ami.e.s De Lire bonjour,

Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant de commencer, je tiens à remercier NetGalley et les éditions Stock pour cette découverte éditoriale mémorable.

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé La révolte des filles perdues de Dorothée Janin, paru en août 2023 aux éditions Stock, de la collection La bleue, 320 pages.

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Présentation de l'éditeur :


"À mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu'elles ont lancées aux flics, aux juges… Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche."

Voleuses, fugueuse, vagabondes, de petites vertus, les filles de la prison de Fresnes se mutinent. Le 6 mai 1947, elles défoncent des portes, brisent des carreaux, pillent l’économat, s’empiffrent de chocolat et de confiture, escaladent le mur de la prison et finissent par en occuper le toit. Pendant des heures, elles tiendront bon. Les prisonniers masculins, derrière leurs barreaux, les acclameront. Il faudra cent vingt policiers pour les déloger. Les journaux s’en emparent un temps, qualifiant l’événement d’« hystérie collective », et, après une nouvelle condamnation, les révoltées retourneront à l’obscurité de leurs cachots. Vies d’anonymes diablesses, semeuses de troubles sans voix, la postérité les oublie.
Jusqu’au jour où Serge Valère, un avocat médiatique comme le XXIe siècle en façonne, décide de démêler les fils de ses origines. Lui qui ne connaît pas son père, engage la généalogiste, Elvire Horta, pour retrouver sa mère Madeleine qui l’a abandonné. Elle apprend que celle-ci est une des mutinées de Fresnes. 1947 rencontre alors notre époque. Madeleine rencontre Elvire. Les filles perdues, celles d’aujourd’hui.

Avec force et passion, Dorothée Janin fait surgir la violence, la révolte et la liberté fugace de ces femmes qui n’existaient plus. Porté par une écriture frontale, à la manière du Journal d’un voleur, La révolte des filles perdues interroge notre mécanique sociale et nos obsessions.


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Indociles et insurgées : les oubliées de Fresnes 

Contre toute attente, La révolte des filles perdues n'est pas la reconstitution romancée de la grande révolte des pupilles de Fresnes qui défrayé la chronique au printemps 1947.

Dans l'immédiate après guerre, mai 1947, une centaine de jeunes filles de 16 à 21 ans incarcérées à la prison de Fresnes se sont soulevées, molestant les gardiens et saccageant la prison avant d'être canalisées.

C'est en partant de ce fait historique, que l'auteure imagine le destin de l'un des plus grands ténors du barreau des années 2000, Me Serge Valère, livré à sa naissance à l'Assistance publique et dont la mère pourrait bien avoir pris part à la grande révolte de Fresnes. 

Pour en avoir le cœur net, ce dernier embauche une généalogiste, Elvire Horta, aussi zélée côté professionnel que paumée côté personnel, pour mener l'enquête (un aspect qu'elle se garde bien de dévoiler à son client, cela va de soi).

Au fur et à mesure de ses recherches, nous entrons dans le cœur de la mutinerie : qui étaient ces "filles perdues", quels ont été les manquements dont elles furent l'objet pour finir derrière les murs de ce centre d'éducation surveillé, dans quelles conditions ont-elles vécu leur enfermement ?

Pour ma part ,


Il y a des mots, la magie de quelques lettres à peine, qui, dès leur évocation, m'enchantent et me transportent : "révolte" en fait partie.

J'ai aimé le style, la construction et les apartés : dans ce roman, il y a la narration proprement dite puis la voix d'Elvire Horta, à laquelle je me suis plus ou moins identifiée dans la mesure où j'ai ressenti qu'elle porte en elle une braise, celle de la colère, que le moindre souffle est à même de raviver.

C'est cette dernière qui, au fil de ses investigations pour le compte de Serge Valère, anime le récit de ses réflexions incisives existentielles très souvent et sur la judéité et la politique parfois.

Pour ainsi dire, j'ai davantage découvert l'histoire d'une enquête, la mise en lumière d'un fait historique significatif de la condition féminine.

J'ai apprécié ma découverte mais l'épopée et l'enchantement présagés par le titre et auxquels je m'attendais n'étaient pas au rendez-vous.

J'aurais aimé plus de drame pour rythmer le récit en général: in fine, cela m'a tout de même paru assez long.

Mention spéciale: Vous trouverez à la fin du livre les sources et les références avec la liste des centres d'archives , des ouvrages et de la presse consultée. Ce roman est donc le fruit d'un important travail de recherche de l'auteure; sans qui cette révolte des Filles perdues aurait bien failli tomber dans l'oubli. 

Quelques citations :


"Toutes sont mineures selon la loi, la plus jeune a seize ans, la plus âgée vingt et un ans. Elles ne sont pas des détenues, elles ne sont pas des criminelles : elles sont de mauvaises filles. C’est pour ça qu’on les a capturées."

"Sociologues et historiens l’ont mis en lumière, la masculinité d’un garçon délinquant n’a jamais été remise en cause, elle devait seulement être canalisée : mais une fille délinquante ou déviante dans sa façon d’être – violence, insoumission, indépendance ou sexualité estimée scandaleuse –, est une fille contre nature, pervertie, qui doit être dressée pour revenir à l’essence de la féminité : douceur, obéissance, vertu et continence sexuelle, accomplissement premier et suffisant dans le mariage et la maternité."

"La grande révolte de Fresnes. J’avais découvert leur grande révolte. J’avais découvert qu’une centaine de mineures étaient enfermées à Fresnes, probablement sans numéro d’écrou puisqu’elles ne dépendaient pas de l’administration pénitentiaire mais de l’Éducation surveillée, et que Madeleine Lauris, la mère de Serge Valère, pouvait en faire partie."

"Il serait ridicule de m’identifier à elles, de me demander ce que j’aurais fait à leur place, si avec leur histoire, leur passé, leur milieu accrochés aux épaules, je m’étais retrouvée à leur place. Je ne suis pas à leur place et ne l’ai jamais été. Mais je sais que je me sens à leurs côtés, de leur côté. Je suis avec elles et ce n’est pas pour rien, cela ne vient pas de rien. Ce n’est pas un hasard si je suis bouleversée, atteinte : conquise. Je trouve qu’elles ont du cran. Je trouve qu’elles ont de l’allure."

Pour conclure , 


+ À lire: une œuvre singulière pour (re)découvrir la France d'après-Guerre et les Trente Glorieuses où les filles rebelles et marginales étaient enfermées dans des institutions répressives et violentes comme la prison de Fresnes.

- S'abstenir si et seulement si vous préférez les péripéties intenses : ce roman n'est ni une épopée ni une reconstitution historique mais principalement le récit d'une enquête généalogique.

Et vous, avez-vous déjà lu La révolte des filles perdues de Dorothée Janin ? En avez-vous ressenti la fièvre ? 

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Littérairement vôtre,

Aïkà