Lu et Approuvé : Histoire d'un ogre d'Erik Orsenna
Une fois n'est pas coutume, cette contrepèterie purement circonstancielle est ma façon à moi d'aborder notre livre du jour.
Histoire d'un ogre est le portrait critique du patron situé à la tête de l'une de plus grosses fortunes de France. Dans son récit, le Narrateur, ainsi se nomme-t-il, comme un tabou, se garde farouchement de prononcer le nom.
Sans vin, l'or est beau: c'est donc dans la sobriété qu'une fortune est mieux admirable, si?
Grâce à la magie de la mise en abîme et de la filature permise en littérature, le Narrateur nous amène à découvrir le personnage sous son jour romanesque: ses origines historiques, son patrimoine familial, son éducation, ses premiers pas dans la finance puis les opérations stratégiques et autres manœuvres qui ont fait de lui l'Ogre qu'il est aujourd'hui.
Sans lésiner sur les formes maximalistes, hyperboles et autres figures de style, l'œuvre de l'Académicien est un roman satirique, frôlant de près le pamphlet et, sait-on jamais, le règlement de compte.
De mémoire, tout le monde sait que les ogres sont des géants à l'aspect effrayant se nourrissant de chair humaine. Ce que tout le monde espère toujours, c'est que ce derniers n'existent que dans les contes de fées racontés pour effrayer les enfants pas sages...
Et pourtant, dans cette Histoire vraie, il nous est proposé de faire la connaissance de l'un d'entre eux, réel, vivant et omniprésent de notre paysage industriel, médiatique et peut-être bientôt politique?
Riche de préceptes pour les néophytes en finances, comme moi, avec la pédagogie qu'on lui connait, le Narrateur, fidèle à sa vocation d'ancien Professeur d'économie, nous éclaire de son savoir. De même, il n'hésite pas à papillonner de part et d'autre de sa propre ligne narrative, tantôt côté personnage, tantôt côté lectrice, lecteur.
Moins virulent qu'un pamphlet, moins expéditif qu'une chronique, Histoire d'un ogre, à l'instar de Gargantua de Rabelais au XVIe siècle est un roman satirique dont le but est surtout de démontrer l'emprise de l'Ogre sur notre société laquelle devrait s'inquiéter de savoir "Que restera-t-il quand il aura tout dévoré?".
Plus que l'histoire proprement dite, c'est-à-dire le portrait du personnage et la critique du capitalisme, c'est la dimension littéraire qui m'a plu. La qualité d'écriture, la richesse des figures de style et l'indéniable talent de conteur de l'Académicien.
Ce livre s'inscrit dans le cadre des actualités incandescentes de ces dernier mois.
Bonus: Si vous êtes du genre, quelques confidences et mises en lumière de certaines affaires (pas toutes quand même) vous y attendent.
Bonus bis: le Narrateur vous livre sans compter tous ses bons plans restaurants, psychologues, j'en passe et des meilleures. Si vous êtes à la recherche de recommandations amicales.