#Babel #NetGalleyFrance : Lu & Approuvé




Temps de lecture estimé : 2 minutes_

Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant de toute chose, je tiens à remercier chaleureusement NetGalley et les éditions De Saxus pour cette découverte éditoriale remarquable.

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé Babel de R.F. Kuang, traduit de l'anglais par Michel Pagel, paru en novembre 2023 aux éditions De Saxus, 657 pages.



PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

Un acte de traduction est toujours un acte de trahison. 
1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l'étude des langues dans l'optique d'intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l'Université d'Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l'argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l'aide de barres d'argent enchantées.

Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l'Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d'origine. 
Peut-il espérer changer Babel de l'intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?

Traduit de l'anglais par Michel Pagel

#Babel #NetGalleyFrance

Robin Swift, l'argentogravure et la chute de l'Empire

Robin Swift est un orphelin rescapé d'une épidémie de choléra qui a eu lieu dans sa ville natale, quelque part dans le Canton du XIXe siècle. 

Recueilli par celui qui deviendra son mentor, le Professeur Lovell, il va intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l’Université d’Oxford, plus connu sous le nom de Babel. 

Il lui sera révélé qu'à Babel, l’on pratique l’argentogravure, magie basée sur le sens des mots qui permet de créer des effets prodigieux en gravant les mots de la même famille mais en provenant de deux langues différentes sur les deux faces d'une barre d'argent. 

Le temps passe et tandis que sa technique d'argentogravure devient de plus en plus puissante, le jeune homme découvre que cette magie sert les intérêts de l’Empire britannique, qui, au final, opprime son peuple d'origine et d’autres nations.

Entre sa loyauté envers Babel et sa volonté de changer le monde, notre héros va devoir choisir son camp.

Pour ma part,

Mi-figue mi raisin.

Babel est une uchronie qui nous plonge au cœur de l'impérialisme britannique du XIXe siècle. Afin de mener à bien sa politique d'expansion coloniale et de dominer le monde, l'Empire fait usage de son arme secrète et magique : l’argentogravure. 

Le héros est un orphelin chinois dont les noms et prénoms de naissance ont été remplacés par Robin Swift. Grâce à son bienfaiteur, le Professeur Lovell, ce dernier intègre le prestigieux Institut royal de traduction de l’Université d’Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Il va apprendre les secrets de cette magie, mais aussi découvrir les conflits qui opposent l’Empire colonial aux opposants.

J’ai apprécié l’orientalisme omniprésent dans le récit, à travers des détails riches et pittoresques qui nous font découvrir la culture et la langue chinoises, ainsi que les enjeux politiques et historiques de l'impérialisme britannique du XIXe siècle. L’auteure, Rebecca F. Kuang, est une spécialiste des études chinoises, et cela se ressent dans la précision de ses descriptions. 

J’ai adhéré l’invention de l’argentogravure comme nerf du récit. En mêlant linguistique, philosophie et magie, l'argentogravure devient la métaphore du pouvoir des mots et des langues au service de la résistance contre l'oppression. De plus, l’univers enchanteur, Grand Siècle et steampunk du roman est résolument captivante. 

En revanche, j’ai trouvé que le roman souffrait de longueurs et de lenteurs dans le déroulement des péripéties. Le rythme est tantôt inégal, tantôt répétitif alternant entre des scènes d’action et des passages plus contemplatifs. 

Certains chapitres m’ont paru trop longs ou trop détaillés, ce qui nuisait à la fluidité de la lecture. Le roman fait 600 pages, ce qui me semble trop pour le contenu de l’histoire. J’aurais préféré un roman plus court et plus dynamique, qui se concentre sur l’essentiel.

Pour ainsi dire, Babel vaut le détour pour son univers enchanteur, son esthétique orientaliste et une certaine pédagogie de l'histoire de l'impérialisme britannique du XIXe siècle. Mais le roman aurait gagné à être plus condensé et plus rythmé. C’est une lecture qui demande de la patience et de l’attention.

Quelques citations :


"Dans deux jours, Mme Piper et moi partirons pour une ville appelée Londres dans un pays appelé Angleterre. Tu as sûrement entendu parler des deux. » Le garçon hocha la tête, incertain. Londres avait pour lui la même réalité que Lilliput : c’était un lieu lointain, imaginaire, fantastique, où nul ne lui ressemblait ni ne s’habillait ou ne parlait comme lui. « Je te propose de t’emmener. Tu habiteras chez moi, et je te fournirai le gîte et le couvert jusqu’à ce que tu sois assez grand pour gagner ta vie par toi-même. En échange, tu suivras des cours du programme de mon choix. Il s’agira de travail sur les langues – latin, grec et, bien sûr, mandarin. Tu mèneras une vie facile, dans le confort, et tu bénéficieras de la meilleure éducation qui se puisse obtenir. Tout ce que j’attendrai de toi en retour, c’est que tu t’appliques avec diligence à tes études." 

"Il aurait été incapable de dire si Lovell avait ou non envie qu’il vienne à Londres ; de fait, cela ressemblait moins à une adoption qu’à un contrat entre hommes d’affaires. « Je t’engage à envisager sérieusement cette possibilité, continua le professeur. Ta mère et tes grands-parents sont morts, ton père inconnu, et tu n’as pas de cousins. Si tu restes ici, tu n’auras jamais un sou. Tout ce que tu connaîtras, ce sera la pauvreté, la maladie et la famine. Avec de la chance, tu trouveras de l’emploi sur les quais, mais tu es encore très jeune, donc tu passeras plusieurs années à mendier ou à voler. À supposer que tu atteignes l’âge adulte, ce que tu pourras espérer de mieux, ce sera un travail harassant à bord d’un bateau." 

"Très bien, dit le professeur. Encore une chose. Il me semble que tu as besoin d’un nom. —J’ai un nom. C’est…—Non, ça n’ira pas. Aucun Anglais ne peut prononcer ça."

"Le port de Canton, l’embouchure que la Chine offrait au monde, était un univers de langages. Du portugais, du français, du hollandais, du suédois, du danois, de l’anglais et du chinois, tous sonores et rapides, flottaient dans l’air salé et se mêlaient en un pidgin improbable que chacun comprenait mais que seuls quelques-uns parlaient avec aisance."

"Mais quel est le contraire de la fidélité ? demanda le professeur Playfair. Il approchait de la fin de son raisonnement, il ne lui restait plus qu'à conclure sur un coup d'éclat. La trahison. Traduire, c'est faire violence à l'original, c'est le déformer pour des yeux étrangers ignorants de sa forme première. Alors, où cela nous mène-t-il ? Comment conclure si ce n'est en reconnaissant qu'une traduction est toujours une trahison ?"


"Partout, la révolution industrielle de l'argent apportait pauvreté, inégalités et souffrances, alors que seuls en bénéficiaient les individus de pouvoir au cœur de l'empire."


"La nuit, la lune conspirait avec les réverbères pour baigner la ville d'une pâle lueur irréelle. Les pavés qu'ils voulaient leur semblaient travers des chemins vers d'autres siècles. Il aurait aussi bien pu s'agir de l'Oxford de la Réforme ou de l'Oxford du Moyen Âge. Ils évoluaient au sein d'un espace intemporel que partageaient les fantômes des savants passés."


"La traduction, depuis des temps immémoriaux, est un facteur de paix. La traduction rend possible la communication, laquelle rend à son tour possible la diplomatie, le commerce et la coopération entre les peuple qui apportent à tous richesse et prospérité."


"Après tout, nous sommes ici pour faire que l’inconnu devienne connu, pour rendre familier ce qui est autre. Nous sommes ici pour faire de la magie avec les mots."


"Donc, vous le voyez, les traducteurs transmettent moins un message qu'ils ne réécrivent l'original. Et c'est là que se situe la difficulté - réécrire reste écrire, et écrire reflète toujours l'idéologie et les préjugés de l'auteur."


"Les langues ne sont pas seulement faites de mots. Ce sont des modes de vision du monde. Les clefs de la civilisation."

"Il découvrit qu’au Parlement, dans les hôtels de ville, dans les rues, des réformateurs de tout poil se battaient pour l’âme de Londres, tandis que la classe dirigeante conservatrice et propriétaire des terres combattait sans merci les tentatives de changement."

 

R.F.Kuang in Babel, De Saxus, 2023.

Pour conclure,


#Babel #NetGalleyFrance

+ Le bon point : En dénonçant l'impérialisme britannique du XIXe siècle, Babel est un roman  d'apprentissage, de magie et du combat épique entre le bien et le mal, la résistance contre l'oppression. L'argentogravure, qui mêle linguistique, philosophie et magie pratiquée par les protagonistes, est la métaphore originale du pouvoir des mots et du génie propre à chaque langues.

- Le moins bon point : Un pavé de plus de 600 pages sans compter les innombrables notes du traducteur... la patience doit être au rendez-vous !

* La note De Lire Délire : 15/20

LE SAVIEZ VOUS ?

Rebecca F Kuang est une romancière sino-américaine de fantasy et de fiction contemporaine. Elle est également titulaire de diplômes en études chinoises de Cambridge, Oxford et Yale, et a remporté de nombreux prix littéraires, dont le Nebula, le Locus, le Crawford et le British Book Award. Elle est l’auteur de la trilogie La Guerre du pavot, inspirée de la Seconde guerre sino-japonaise et de la dynastie Song, et du roman Babel, devenu en 2023 un best-seller mondial.


Et vous, avez-vous déjà lu Babel de R.F.Kuang ?

#Babel #NetGalleyFrance

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Littérairement vôtre,

Aïkà

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