#Jevaisbien #NetGalleyFrance : Lu & Approuvé



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Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant de toute chose, je tiens à remercier chaleureusement NetGalley et les éditions Les Presses de la Cité pour cette découverte éditoriale remarquable.

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé Je vais bien de Régis Franc, paru en aout 2023, aux éditions Les Presses de la Cité,160 pages. 

#Jevaisbien #NetGalleyFrance

PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

« On ne se débarrasse de rien en s’éloignant. »
– Régis Franc, London Prisoner (Fayard)
 

Ma mère est morte le jour où fut achevée la maison de ses rêves. C’est mon père qui l’avait construite de ses mains. Pour elle. Et nous y avons emménagé, le lendemain de son enterrement. Sans elle.
Ce contretemps signa nos vies. Ni mon père, ni ma petite soeur, ni moi-même ne devions nous en remettre. Nous avons alors appris la mélancolie, sentiment si inapproprié au caractère des gens du peuple.
Toute cette histoire, ma vie d’enfant, je l’ai oubliée pendant des années. Jusqu’au jour où j’ai cru voir mon père dans le reflet d’une vitrine à Londres.

Je vais bien raconte les tourments d’un jeune garçon qui se sait incapable de sauver les siens.
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Une vie de combats : la famille Franc Bataillé


Je vais bien est l'autobiographie de Régis Franc, le célèbre bédéaste Prix Mottart de l'Académie Française 2015.

Le narrateur, en utilisant la première personne, retrace ici l'histoire de sa famille, les Franc Bataillé, dont les origines ouvrières et militantes font l'orgueil générationnel depuis toujours. Ces origines qui, à contrario, embarrassent notre narrateur. Là-dessus je ne vous en dis pas plus ; vous découvrirez pourquoi en lisant le livre.

Il raconte également la tragédie qui frappe la maison Ensouleiado, que son père, Roger Alphonse, a construite de ses mains pour sa bien aimée Renée, la mère de ses enfants, malheureusement décédée une semaine avant la pendaison de crémaillère. C'était en 1960, le petit Régis avait alors douze ans.

Pour ma part,

Je n'ai aucun lien de parenté avec la famille des Franc Bataillé et tout porte à croire que j'appartiens à une autre génération.

Pourtant, j'ai vraiment  plongé dans la narration et réussi à m' identifier au récit.

Serait-ce grâce à cette écriture sobre, quasi naturaliste avec un soupçon d'oralité qui apporte une touche contemporaine à ce texte plein de mélancolie ?

Ou grâce aux thèmes de la der des ders, de la pauvreté, de la condition ouvrière, du syndicalisme qui me touchent à titre personnel et que le narrateur aborde avec beaucoup justesse ?

Ou encore grâce à la mémoire des liens familiaux que l'on devine entre les lignes et dans les marges du livre, malgré une vie marquée par les silences, les vicissitudes et la tragédie ?

Tout ça à la fois.

Et je n'oublierai jamais le personnage de Roger Alphonse Franc Bataillé, qui m'a beaucoup émue : rescapé de toutes les guerres de la vie, maçon, militant et poète auto- édité. Un héros anonyme à sa façon.

Je suis bouleversée mais heureuse et inspirée de cet hommage aussi digne que beau.

Quelques citations :

"Ainsi s'écoula cette année où il vécut au « chenil », s'asseyant le soir au réfectoire pour manger la purée de pois cassés sans sel parmi ses nouveaux camarades, arrivés pour la plupart sans bien savoir comment, eux que leurs familles n'avaient pas pris la peine de secourir au seuil de la pause éternelle et qui recréaient ici, vaille que vaille, une sorte de société. Un pittoresque club de cabossés. De sourds. De béquillards."


"J'avais le cœur serré. Il m'arrivait de m'éloigner de sa chambre pour me réfugier dans le couloir, incapable de supporter longtemps la vue d'un vieil homme à la peine.
J'aurais dû être doux et compatissant, je restais sans voix, sans chaleur, incapable de trouver le bon tempo."


"L'accordéoniste jouait Le Temps des cerises, tous les amis venus avaient les yeux mouillés. On enterrait un ouvrier, sans religion, dans la fraternité des pauvres. C'était très classe. Classe ouvrière, bien sûr."


"On ne sait pas. La classe ouvrière, les gens de peu ne se font prendre en photo qu'une ou deux fois dans leur vie. Les détails, le restant de leurs jours s'en vont avec eux. Anonymes ayant vécu dans les vignes, cheminé sur des sentiers bordés de cyprès, d'amandiers, ayant dépecé un lapin, labouré la terre, greffé, vendangé. Rien, en somme."

 


"En descendant pour la gamelle, à la pause de midi, quelqu'un dit qu'ils menaient une existence de forçats, qu'ils ne devraient plus vivre ça. Que ça n'était pas bien. Personne n'avait envie de répondre. Ils savaient tous pourquoi ils supportaient ça, cette chierie en l'air. Pour ne pas avoir le ventre creux, pour faire manger les petits. Parce qu'il n'y avait même plus trois sous à gagner nulle part. Parce que la crise, c'était devenu un sacré bordel." 


"Avec la tramontane qui soufflait en rafales furieuses, quand il pédalait à la recherche d'un autre travail, ici et là, il aurait pu s'envoler, faire des kilomètres dans le ciel d'hiver, aller loin, pédaler au sud, au nord, à l'est ou l'ouest. Mais du travail, non, n'importe quel travail, il n'y en avait pas. On n'embauchait plus."



"- "À Paris ! Pour quoi faire ? "
Je réponds que je ne sais pas, que je trouverai. Il est contre.
"Tu as de l'argent ?
— Non, je n'en ai pas.
Ne compte pas sur moi pour t'aider. "
C'est dit."

 

"À quel moment s'éclipsent en douce nos vies, faites d'instants magiques, aventureux, où l'inattendu, l'émerveillement, l'effroi, le cœur qui bat nous bousculent ou nous débarquent à vive allure ?"

 


"Il est content. Il dédicacera son livre aux gens du coin dans une salle mise à sa disposition. Un autre suivra. Puis un recueil de poésie. On l'accoste dans la rue pour le féliciter.
« Tu vois, me dit-il, ils sont gentils, les gens. Tu es gentil avec eux, ils sont gentils avec toi. »
Voici donc le grand secret. Aimez-vous les uns les autres."


"Je trouvais les miens si vulnérables, soumis, la vie si imparfaite.
« Mais qu'est-ce que je vais faire de toi, me disait ma mère, tu es en colère, contre tout, contre tout le monde, qu'est-ce que tu veux ? »"


"Ma mère murmura en caressant ma joue : « Je vais bien. »
Et je fondis en larmes."


"Roger est seul désormais. Il va retrouver les réflexes des Bataillé. Tenir est le premier commandement. Il tient. Il m'épate."

Régis Franc in Je vais bien, Les Presses de la Cité, 2023

Pour conclure, 

#Jevaisbien #NetGalleyFrance

+ Le bon point : Une vie de combats que le célèbre bédéaste a su transformer en un touchant roman autobiographique. Le portrait d'une famille digne et d'un autre temps ; sans doute l'un des plus beaux témoignages sur la condition ouvrière du XXe siècle qu'il m'aie été donné de découvrir. 

- Le moins bon point: Peu de fiction, beaucoup d'anecdotes romanesques. Tout est triste mais vrai.

* La note De Lire Délire : 18,5 /20

LE SAVIEZ VOUS ?

Régis Franc, né en 1948, est auteur de BD, scénariste, écrivain, cinéaste, réalisateur et Prix Mottart de l'Académie Française 2015.
 

Et vous, avez-vous déjà lu Je vais bien de Régis Franc? Ou avez vous déjà lu un autre récit de vie aussi émouvant ?

#Jevaisbien #NetGalleyFrance

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Littérairement vôtre,

Aïkà