#Plusprèsdesmorts #NetGalleyFrance_ Lu & Approuvé


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Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant toute chose, je tiens à remercier NetGalley et les éditions JC Lattès pour cette découverte éditoriale remarquable. 

Aujourd'hui nous allons parler du roman policier intitulé Plus près des morts de Jean Ely Chab, paru en septembre 2023 chez JC Lattès, pages.

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LE SAVIEZ VOUS ?

Jean Ely Chab est un écrivain français qui écrit des romans policiers se déroulant à Madagascar. Il est professeur et vit à La Réunion. Il a été récompensé par deux prix littéraires pour ses œuvres : le Prix du Masque 2016 pour La Vallée du saphir et le Prix du roman d'aventures 2019 pour Dans l’œil de Jaya. Il a publié quatre romans à ce jour, tous mettant en scène l'inspecteur Monza, un policier malgache qui enquête sur des affaires mystérieuses et dangereuses. Ses romans sont inspirés par ses nombreux voyages à Madagascar, où il a découvert la richesse culturelle et naturelle de l'île. 

La religion traditionnelle dans le sud de Madagascar est basée sur le culte des ancêtres et des esprits de la nature. Les Malgaches du sud croient que les morts continuent à influencer la vie des vivants et qu'il faut les respecter et les honorer à travers des rites funéraires spécifiques. Ces rites varient selon les ethnies, mais ils ont tous pour but de protéger les défunts et d'assurer la prospérité des descendants. Les Malgaches du sud pratiquent aussi des sacrifices d'animaux, notamment de zébus, pour nourrir les esprits et renforcer les liens communautaires. Ils ont également des croyances animistes, qui attribuent une âme à tous les éléments de la nature, comme les arbres, les rochers, les rivières ou les astres. Ils vénèrent ainsi des divinités locales, qui peuvent être bienveillantes ou malveillantes selon les circonstances. La religion traditionnelle dans le sud de Madagascar est donc un mélange de traditions ancestrales et de syncrétisme avec d'autres religions, notamment le christianisme ou l'islam qui sont également présents à Madagascar.

RÉSUMÉ DE L'ÉDITEUR

Le dahalo Ratsibahaka, l’un des voleurs de zébus les plus célèbres de la région, s’est évadé de prison et l'inspecteur Monza a pour mission de l'arrêter. Alors qu’il réussit enfin à lui passer les menottes, le bandit lui échappe, prenant en otages les passagers du taxi-brousse qui les ramenait à la ville.
Monza finit par retrouver les otages en se faisant piéger dans une grotte contrôlée par des dahalos, sous un des canyons du plateau de Bara. Mais, surprise, Ratsibahaka est également leur prisonnier. À la tête du groupe, Ravaka, une impressionnante femme guerrière bardée de colliers d’amulettes.
Tandis que l'inspecteur cherche un moyen de s’enfuir, il découvre que le canyon abrite des projets de vengeance qu'aucun gris-gris ne pourra enrayer.

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Prisonniers de l'Isalo


Dans une gargote, quelque part dans le Sud Ouest de Madagascar, l'incorruptible lieutenant inspecteur Jery Monza réussi à capturer le redoutable Ratsibahaka, un chef dahalo, voleur de zébus, qui terrorisait les environs. 

À présent, sa mission consiste à ramener le bandit à Tuléar, le chef-lieu de la région.

Faute de véhicule de fonction, notre lieutenant Monza n'a d'autre option que de prendre un taxi brousse pour mener à bien sa mission. Qu'à cela ne tienne, le bandit sera attaché à côté de la chèvre à l'arrière du Peugeot 403 sous son étroite surveillance et celle de Mamabé, sa colossale acolyte, dépêchée pour l'occasion.

Ce ne fut pas long : par un habile jeu de mains, le dahalo prend le contrôle du tacot et file avec Mamabé et d'autres voyageurs en otage, en direction de l'Isalo.

l'Isalo est un impressionnant ensemble de reliefs fait de gorges et de canyons en plein territoire Bara, une ethnie malgache.

l'Isalo est un territoire fady, tabou sous peine de malédiction dans la culture malgache, car c'est là bas que reposent les Ancêtres.

Ainsi commence la course poursuite entre le lieutenant et le dahalo non sans rencontres inattendues. À ce sujet je n'en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre.

Pour ma part 


Le roman policier est bien écrit, la narration est dense, rythmée en 36 chapitres courts. L'intrigue est bien menée et en termes de rebondissements et de scènes d'action, on est parfaitement servi.

Le récit est immersif et n'hésite pas à utiliser des expressions locales 100% authentiques accompagnées de notes de bas de page. Avec ceci, de superbes détails instructifs utiles et indispensables pour qui ne connait pas le terrain. 

J'ai surtout été éblouie par la description captivante de l'univers de Madagascar. 

J'ai découvert de nombreux d'éléments fascinants de la culture malgache qui m'étaient inconnus jusqu' ici : l'Isalo, ce relief équivalent au Colorado des USA, les "dahalos" ou "hakos", ces criminels voleurs de zébus, les "fadys", ces tabous et interdits, les "odys", ces amulettes et gri-gris, et plein d'autres détails encore. 

J'ai vraiment appris beaucoup de choses sur la Grande Île, tellement méconnue et si rare du paysage littéraire.

Une lecture découverte que je recommande vivement à tous les amateurs de thrillers exotiques et dépaysants.

Quelques citations :


"Ses yeux regardaient intensément le policier, surveillant sa réaction. — Tu sais pourquoi je me suis laissé passer sagement les menottes, le flic ? Ratsibahaka laissa passer un silence, avant d’ajouter : — C’est parce que je n’ai pas peur de toi. Les deux hommes s’affrontèrent des yeux. — Je ne te crains pas, lâcha le bandit. Ni toi ni personne. Je suis un dahalo."


"Ce terme de dahalo renfermait un écho funeste, très sourd, comme le tonnerre qui gronderait au loin."


"L’antique 403 Peugeot se secouait de toute sa ferblanterie sur la piste défoncée. De part et d’autre s’étendait une nature sauvage et désolée. Un paysage poussiéreux, ponctué de tapias chétifs et de buissons d’épines."



"Selon le principe de savoir-vivre du fihahavana, cela ne menait jamais nulle part de s’emporter."


"— Le monde est tout plein de miracles, vous savez ! Dans ce pays, des camions continuent de rouler, malgré leur million de kilomètres au compteur. Des moteurs qu’on croyait foutus redémarrent au quart de tour. Moi, j’vous le dis ! Des prodiges, on en voit tous les jours sur la piste."


"« Ady gasy », pensa Monza. Le vrai savoir-faire des Malgaches était la débrouillardise. Ces rois de la récupération étaient capables de tout réparer, de tout remettre en état de marche. Pendant que les Chinois produisaient des biens qui inondaient les marchés de la planète, les Malgaches étaient passés maîtres dans l’art du recyclage des objets cassés ou usagés. Dans ce pays où l’économie battait de l’aile, le petit peuple fabriquait des lampes à partir de boîtes de conserve, transformait de vieux pneus en semelles de chaussures, confectionnait des sacs et paniers avec des chutes de papier. Le parc automobile n’échappait pas à la règle. Des Peugeot et bus Tata d’un autre siècle, rafistolés de toutes parts, roulaient encore sur les pistes de la grande île. Des milliers d’épaves continuaient à avancer en dépit de toute logique mécanique."


"Le policier se redressa, et étudia le paysage qui s’offrait à ses yeux. Devant lui, s’étendait une contrée sauvage hérissée de rochers. L’Isalo formait des reliefs caillouteux ceinturés de dômes et de plateaux, qui évoquaient une citadelle en ruine. De loin, il avait cru que le massif était un endroit inaccessible, sans passage, mais il n’en était rien. Au pied de ses fortifications aux cimes crénelées, l’Isalo était percé de profonds canyons. Chaque entrée semblait être gardée par de grands lataniers aux allures de guerriers, avec leurs feuilles palmées en forme de hallebardes."


"Dans ce monde en perpétuel chaos, même les cyclones semblaient ne pas pouvoir venir à bout de sa colossale amie. Le pays pouvait être noyé sous les eaux, les baobabs couchés par le vent, la cantinière restait aussi inébranlable que le rocher d’Ambatomanga."


"— Oh, ne comptez pas trop là-dessus ! Il est pratiquement impossible à une troupe de soldats de fouiller cette étendue désertique. Avec ses canyons, l’Isalo est un immense labyrinthe."


"— Pénétrer dans le couloir des morts équivaut à briser un tabou, reprit le militaire. Seules les familles des défunts peuvent y aller lors du famadihana1, une fois tous les cinq ans. Ce sont les hommes jeunes de la famille qui sont chargés de hisser le défunt le plus haut possible dans la falaise. Le mort est ainsi plus près des dieux. Cela permet aussi de le mettre à l’abri des profanations. Deux petites rides vinrent gâcher la sérénité du visage du militaire. — C’est un lieu sacré pour les Bara. Cet endroit est fady2. Vous comprenez ? — Je comprends. — On respecte nos ancêtres parce que nos parents l’ont toujours fait. Parce que nous devons nous y soumettre. Tous les Malgaches respectent les traditions, n’est-ce pas ?"


"— Pour ma part, j’ai décidé de revenir dans le pays des Bara, celui d’éleveurs courageux qui continuent à vivre dans les grands espaces sauvages. Pour les autres, ceux qui vivent entassés dans les villes, Madagascar, c’est fini ! Nous, les Bara, nous voyons notre île telle qu’elle est réellement. Pour comprendre ce pays, il faut courir pieds nus dans les canyons de l’Isalo, respirer l’odeur des plantes, sentir dans vos tripes à quel point la brousse fait partie de votre âme."


"— Les gens comme vous ont peur de tout. Ils ont peur de souffrir, de crever. Ils ont peur de louper le train, d’avaler de travers. C’est cette peur, plus que l’espoir, qui vous façonne. Les êtres doux de votre genre sont des êtres craintifs. Vous êtes gentils dans l’espoir vain que les autres le soient à votre égard. Au final, vous n’êtes que de misérables insectes, rampant dans l’humidité sous une pierre."


"Si Ravaka avait incontestablement une forte emprise sur le groupe des dahalos, grâce à ses prétendus pouvoirs, l’homme en uniforme semblait incarner l’autorité dans ce canyon. Une sorcière, quelques gamins analphabètes et un militaire qui se prenait pour le roi de la brousse. Décidément, ce groupe était bien mystérieux. La clef du mystère résidait peut-être dans ce fameux canyon des ancêtres."

Jean Ely Chab in Plus près des morts, JC Lattès Le Masque, 2023.

Pour conclure, 


+ Bon point : Un roman policier immersif riche en actions pour découvrir Madagascar et pénétrer l'Isalo, le canyon mystérieux et interdit. Rare dans le paysage littéraire.

- Moins bon point : Il est inévitable de lire les notes en bas de page, souvent des traductions en français, autrement il y a un risque de ne pas comprendre le récit.

Et vous, avez-vous déjà lu Plus près des morts de Jean Ely Chab ? En avez-vous ressenti le frisson et l'appel des grands espaces ? 

#Plusprèsdesmorts #NetGalleyFrance

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Littérairement vôtre,

Aïkà