#LaMesure#NetGalleyFrance_ Lu & Approuvé

Temps de lecture estimé : 2 minutes_

Ami.e.s De Lire bonjour,


Bienvenue dans notre rubrique Lu et Approuvé.

Avant toute chose, je tiens à remercier NetGalley et les éditions Fleuve pour cette découverte éditoriale mémorable.

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé La Mesure, de Nikki Erlick, traduit de l'anglais par Catherine Richard-Mas, paru en octobre 2023 aux éditions Fleuve, 464 pages. 

 #LaMesure #NetGalleyFrance


Résumé de l'éditeur


« Il est désormais difficile d’imaginer un avant, un monde dans lequel elles n’étaient pas encore là. Quand elles firent leur apparition, personne n’avait la moindre idée de ce qu’il fallait faire de ces étranges petites boîtes. Elles étaient arrivées pendant la nuit, par millions, dans toutes les régions et tous les pays. Sur chacune, était inscrit un message simple, quoique énigmatique, rédigé dans la langue maternelle de son destinataire :

À l’intérieur se trouve la mesure de votre vie.

Chaque boîte contenait une cordelette, dissimulée sous un fin tissu d’un blanc argenté, si bien que celui qui soulevait le couvercle réfléchissait à deux fois avant de regarder ce qu’il y avait dessous. Car il ne pourrait plus jamais revenir sur ce geste-là. »

Nikki Erlik propose un roman d’un genre nouveau sur une question universelle et philosophique par excellence :

Si vous pouviez connaître la date de votre mort, choisiriez-vous la révélation ou l’ignorance ? Et que feriez-vous du temps qui vous reste ?

La vie ne tient qu'à une cordelette 

Imaginez qu'un jour, sorti de nulle part, un coffret à votre nom vous attende derrière votre porte. Possibilité numéro un : ignorer et faire comme si de rien n'était. Possibilité numéro deux : ouvrir.

À l'intérieur se trouve une cordelette. Et la longueur de cette cordelette représente la mesure exacte du temps qu'il vous reste à vivre. 

Le récit raconte cet avènement ainsi que le monde d'après. 

À ce jour, chaque être humain, de plus de vingt-deux ans, a reçu sa boîte. 

Tandis que la plupart l'ont ouverte, d'autres résistent à la tentation de connaître le temps qu'il leur reste ici- bas.

C'est dans cet univers que nous allons faire la connaissance et croiser les destins de Nina, Ben, Maura, Hank, Jack, Anthony, Amie, Javier. 

Toutes et tous ont reçu leur boîte.

Et bien entendu, plusieurs d'entre ces personnages nous quitteront avant la fin du récit. Là-dessus je n'en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre.


Pour ma part,

Depuis l'apparition des boîtes, un nouvel ordre mondial s'est instauré : l'humanité est divisée entre les détenteurs d'une cordelette courte, dont les jours sont comptés, vulgairement appelés les "court-segments" d'une part, et d'autre part celles et ceux dont la longévité est garantie par une cordelette longue, les "long-segments".

Le récit raconte en détail et au fil des saisons, l'"an zéro" de l'apparition des boîtes ainsi que le chamboulement existentiel qu'elles ont entraîné dans leur sillage puis se termine quelques années plus tard en guise d'épilogue.

J'ai plongé la tête la première dans cette intrigue originale qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout grâce à l'écriture captivante et fluide de l'auteure. Car la "Théorie des Cordelettes" est formelle : la longévité d'un individu est proportionnelle à la taille de son fil. Que ferais-je si moi aussi j'avais une boîte ?

Si ce savoir était auparavant un attribut divin, aujourd'hui, il est contenu dans cet écrin, comme une boîte de Pandore 2.0, à la portée de tout un chacun.

Pour ainsi dire, par le biais de ce phénomène de science-fiction, et les conséquences politiques et sanitaires qu'il entraîne, ce thriller aborde des thèmes existentiels concrets tels que la liberté, la discrimination, la justice, la légalité ou encore la quête de sens. 

Le style d'écriture est fluide, très bien rythmé et savamment raconté, malgré quelques longueurs qui ralentissent parfois le récit. Les personnages sont attachants, et leurs relations sont bien développées. Qu'ils soient court ou long-segment, soldat, mère porteuse, architecte, médecin, prof, journaliste ou même candidat à la présidence, on s'identifie facilement à chacun d'entre eux. On suit avec intérêt chaque évolution et chaque prise de conscience tout au long du roman.

La fin du roman est à la fois prévisible et surprenante car on se doute bien que certain.e.s vont inévitablement passer de vie à trépas, mais on ne sait pas comment ni quand. 

Ce livre est un tout-en-un à ne surtout pas rater : thriller, leçon de vie, fantastique avec un soupçon de romance. Un pavé de 464 pages certes mais tellement captivant, que l'on ne voit pas le temps passer. Un peu comme dans une série Netflix si je puis m'exprimer ainsi.

J'ai a-do-ré.

Bravo et je recommande chaleureusement. 

Quelques citations :


"La plupart des gens en ligne, confrontés au même message obscur, s’étaient rapidement ralliés à une conclusion terrifiante : quoi que contienne cette boîte, elle prétendait connaître la durée exacte de la vie de son destinataire. Le temps qui lui avait été alloué, par on ne savait quelle puissance mystérieuse."


"À l’intérieur de l’aéroport, des attroupements se formaient au pied des écrans de télévision géants, chaque chaîne abordant le sujet sous un angle différent : « Apparition de boîtes mystérieuses sur l’intégralité de la planète. »« D’où proviennent-elles ? »« Des boîtes qui prétendent prédire l’avenir. »« Que signifie exactement votre cordelette ? »"


"De fait, l’une des premières rumeurs les plus relayées avançait qu’un réseau international de super geeks contestataires avait décidé de jouer une farce d’une ampleur colossale. Ben comprenait ce que l’hypothèse avait de séduisant : si tout ça n’était qu’une blague, personne ne serait obligé d’accepter l’existence de Dieu, des fantômes ou de la sorcellerie ni aucune des autres théories plus complexes qui circulaient pour l’heure. Et surtout, personne n’aurait à affronter le sort supposément dicté par une cordelette dans une drôle de boîte. Mais le phénomène était trop gigantesque pour n’être qu’un canular humain, songea Ben. Et personne ne semblait tirer le moindre bénéfice de l’arrivée de ces boîtes , aucune intention précise n’était décelable si ce n’est celle de plonger les habitants de la planète dans la peur et le désarroi."


"— Il ne s’agit pas d’un canular, annonça-t-elle. Nous ne savons ni comment ni pourquoi, mais il semblerait que la longueur des cordelettes soit bien proportionnelle à la longévité estimée de chaque individu."


""Vivre avec son court segment », tel était l’intitulé figurant sur le flyer de l’association. Une formulation qui semblait plus ironique que prometteuse étant donné que le fait même de détenir un court segment signifiait qu’il ne restait pas grand-chose à vivre."


"Certains, optant pour l’ignorance délibérée, se débarrassèrent de leurs boîtes pour couper court à la tentation. Les plus mélodramatiques les expédièrent dans des rivières, des lacs, ou les enfermèrent dans un recoin oublié de leur maison. Les plus cavaliers se contentèrent de les mettre à la poubelle."


"Nina et quelques journalistes avaient passé la matinée à discuter des dernières nouvelles de la Corée du Nord, où toutes les boîtes devaient obligatoirement être transmises au gouvernement. Désormais, les gens n’ayant pas encore ouvert la leur n’avaient plus le droit de le faire, et chaque boîte reçue par un jeune venant d’atteindre l’âge de vingt-deux ans devait être remise, intacte, aux autorités locales."


"En trente ans de journalisme, à mesure que les titres semblaient de plus en plus dramatiques, elle avait vu les mots s’émousser jusqu’à perdre tout rapport avec les noms intenses et les adjectifs pesants qui, par le passé, impressionnaient des salles entières."


"Que fait l’État pour aider les courts-segments ? On dirait qu’il a fait des recherches et prouvé que les cordelettes étaient authentiques, pour ensuite nous laisser nous débrouiller tout seuls. Nous avons besoin de protection juridique !"



"Peut-être que Maura avait raison, se dit Nina. Peut -être que la provenance des cordelettes n’avait plus d’importance. Elles pouvaient bien tomber du ciel, arriver du fin fond de l’espace ou avoir remonté le temps depuis un lointain avenir, c’étaient les gens qui décidaient de ce qu’ils allaient en faire, à présent."


"Enragés en même temps qu’enhardis par la certitude qu’ils n’auraient jamais à connaître la prison à perpétuité, certains courts-segments se sentaient presque invincibles. Inutile de redouter le couloir de la mort quand on y était déjà."


"Les présentateurs des journaux télévisés, les médecins, les animateurs de débats, les politiciens les exhortaient à se rappeler qu’ils n’étaient pas invulnérables. « Vous avez reçu le cadeau inestimable d’une longue vie, disaient-ils, vous ne voudriez pas la passer dans le coma ou en prison. »"


"Leur fin imminente ne faisait que rappeler qu’il n’y aurait aucune récompense cosmique pour comportements respectueux, aucune bénédiction au seuil du troisième âge, aucune incitation concrète à faire le bien."


"J’ai l’impression qu’il y a un avant et un après l’ouverture de ma boîte, et que ces deux époques n’ont absolument rien de commun. Il est impossible de retourner à la période d’avant. Je sais que ça a l’air d’une évidence, mais c’est vrai. Une fois qu’on sait quelque chose, on oublie ce que c’était de ne pas savoir."


"Il ne fallut pas longtemps pour que le sujet dépasse le cadre de l’élection présidentielle. Toutes les fonctions politiques ne devraient-elles pas exiger des divulgations de segments ? Et pourquoi pas les postes de PDG des grandes compagnies ? Et ceux des chefs de services des hôpitaux ? Pourquoi un hôpital passerait-il du temps à former quelqu’un qui n’occasionnerait pas de retour sur investissement ?"



"La divulgation de segment devait être exigée pour les postes gouvernementaux haut placés, affirmèrent-ils. Cela devait être admis au même titre qu’une vérification des antécédents ou un examen d’aptitude physique. Celui qui aspirait à occuper une fonction de pouvoir devait prouver qu’il était déterminé, qu’il en avait la capacité mentale et physique. Pour eux, un court-segment représentait un risque."


"Chelsea acquiesça, avant de prendre la parole à son tour : — Il ne s’agit pas que du gouvernement, mais de tout le monde. J’ai entendu parler d’une nouvelle appli de rencontres destinée aux courts-segments, qui s’appelle « Partager nos destins ». On peut même filtrer les annonces selon la longueur de segment. C’est présenté aux utilisateurs comme une façon de rencontrer des gens qui leur ressemblent, mais c’est juste un leurre destiné à nous détourner des applis classiques, pour que les longs-segments – Dieu les en préserve – ne tombent pas amoureux d’un des nôtres par accident."


"Je sais que c’est parfois un vrai combat d’être reconnu pour ses qualités personnelles, et non pour sa situation. C’est pour ça que je me suis engagé pour mener ce groupe, au départ. Et je suis la preuve ambulante qu’au moins un long-segment en ce monde peut éprouver de l’empathie pour vous tous. Je pense que ça constitue une bonne raison de ne pas perdre espoir."


"on ne manifeste pas uniquement parce qu’on espère que ça déclenchera des changements. On manifeste pour rappeler aux autorités qu’on est nombreux. Et qu’ils ne peuvent pas nous ignorer."

"Je crois que notre éducation nous amène à estimer que le bonheur est une chose qu’on nous a promise. Que nous méritons tous d’être heureux. Je pense que c’est la raison pour laquelle le sale merdier qui s’abat sur certains d’entre nous est si dur à accepter. Parce que nous sommes censés être heureux."


"C’était exaltant, cette sensation grisante d’avoir eu un impact sur une situation , même si elle ne durait qu’un instant. Toute sa vie durant, Jack s’était contenté d’obéir mollement à des ordres, recroquevillé à l’intérieur de lui-même. Il lui semblait n’avoir jamais rien fait de son propre chef. Mais ce qu’il avait fait, en l’occurrence, ce n’était pas rien."


"Or ce n’était pas ça du tout. C’était exubérant, bruyant, joyeux. Une célébration de la vie. Une heure de solidarité absolue. En chaque lieu, chaque pays, chaque place publique, des gens se penchaient aux fenêtres, sortaient sur les balcons et montaient sur les toits , applaudissant, braillant et tapant sur les rambardes. Dans cette nation – ce monde – qui n’avait aucun scrupule à déclencher des guerres, à alimenter les peurs et à se diviser, on n’avait pas oublié comment se rassembler."


"Nous, les humains, sommes tous à un moment de notre existence tentés de signaler notre présence d’une façon qui semble définitive. Nous griffonnons nos noms sur les tables d’école. Nous les peignons à la bombe sur les murs. Nous les gravons dans l’écorce."

Nikki Erlick in La Mesure, Fleuve, 2023


Chapitres


  • Printemps
  • Eté
  • Automne
  • Hiver
  • Quelques années plus tard

Pour conclure, 


+ Le bon point : Thriller + romance + leçon de vie + science fiction = un combo exceptionnel. Une parabole originale sur la vie, la mort et le destin. Des destins que tout sépare et finalement #TousLiés (sic).

- Le moins bon point : Quelques longueurs à signaler fort heureusement rattrapées par la fluidité des dialogues, du récit à la troisième personne et l'utilisation de la voix active. 

* La note De Lire Délire : 19.5/20 

LE SAVIEZ VOUS ?

Nikki Erlick est une écrivaine et éditrice américaine. Elle a travaillé pour plusieurs magazines et sites web, comme New York Magazine, Harper's Bazaar, Newsweek, Cosmopolitan, The Huffington Post, Indagare Travel, BookTrib et Vox Media. En tant que journaliste et écrivain de voyage, elle a exploré près d'une douzaine de pays en mission, des villages ruraux de France aux fjords arctiques de Norvège. Elle est diplômée de l'université Harvard. Elle vit actuellement à New York.

 
Et vous, avez-vous déjà lu La Mesure de Nikki Erlick ? Ou avez-vous déjà lu un autre ouvrage traitant des possibilités de connaitre le temps qu'il nous reste à vivre ?

 #LaMesure #NetGalleyFrance

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Littérairement vôtre,

Aïkà