Lu et Approuvé : Bleu nuit de Dimah Abdallah

Coup de cœur!

Ami.e bibliophile bonjour,

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé Bleu nuit de Dimah Abdallah. 


▪️ Vivre dans la rue et renaître?

Cette histoire est celle du narrateur dont on ne saura jamais le nom. 
Son récit commence par une date : le 21mars 2013.
La veille, le jour du solstice de printemps, fut enterrée Alma, l’unique amour de sa vie. Elle l’a quitté longtemps auparavant mais son souvenir demeure en lui plus vivace que jamais. Malgré l’invitation, il n’assistera pas à l’enterrement. 
Rongé par les remords et obsédé par ses souvenirs, c’est donc ce jour-là qu’il se libère enfin du poids de ses responsabilités et de son mystérieux passé. Quitter ces quatre murs sans jamais se retourner. Pour oublier et renaître libre. Dans les rues de la ville.



Pendant plusieurs saisons, il vivote de quartiers en quartiers et éprouve le froid, la solitude et le deuil. À la moindre coïncidence, sa mémoire le ramène à ses jeunes années très loin de Paris, dans un pays baigné de soleil aux mille senteurs et ravagé par la guerre civile. De même, tout hasard mène à raviver le souvenir d'Alma.
Il passe ses interminables journées à contempler la rue, la foule, les arbres. Parmi les passants, il en est quelques unes qui, régulièrement, ont une petite attention à son égard: un bonjour, un croissant, des biscuits, des bières etc. Ces petits rendez-vous marquent les jours de ses semaines et deviennent sa source d'inspiration épistolaire ou musicale pour ne pas céder à la folie.
Puis vint le jour où la providence lui envoya une chienne, errante et au passé douloureux comme lui. Il l'appellera Minuit et ils se réconforteront l’un l’autre dans cette existence harassante. 


▪️ Profond, sombre et lumineux comme la couleur éponyme

Ce monologue est le récit d’un homme exilé, finissant en marge de la société car brisé par la guerre civile qui faisait rage dans son pays natal que l’on devine, sans que cela ne soit jamais confirmé, être le Liban.
Ce roman illustre sa déchéance à partir de l’instant crucial où il lui est annoncé que la seule femme de sa vie est morte et qu’elle repose désormais au cimetière de Père Lachaise.



Névrosé et à bout de forces, le narrateur abandonne son cadre de vie normale et devient SDF. Il s’accroche à ce qu’il lui reste de poésie et d’humanité pour expier ses remords, ses fautes, ses crimes à travers l’écriture de carnets, sûrement vestiges de son ancienne carrière professionnelle de journaliste.
Le chemin vers la paix intérieure est chimérique pour qui a connu la guerre et y a participé activement de surcroît. Les anxiolytiques, la came, l’alcool et les faux-semblants sont sans effets; les démons reviennent toujours à la charge tantôt sous forme de maniaquerie et de troubles obsessionnels compulsifs tantôt sous forme de graves crises de dépression nerveuse voire de schizophrénie.

Pour ma part, bien que les péripéties soient fictionnelles,ce roman révèle et dépeint les effets psychologiques de la guerre sur les hommes envoyés au front: de retour à la vie civile, les survivants ne s’en sortent jamais totalement indemnes en dépit de bonne volonté et de maintes tentatives de reconstruction… Ainsi ce livre montre les potentielles conséquences d’un choc post-traumatique à long terme.



Enfin, grâce à une écriture exquise et intense, ce roman ressemble à une lettre d’amour, de pardon et de deuil, à la mémoire d’une mère qui ne voulait que le meilleur pour son fils et d’une femme aimante infiniment humaine. 

J’applaudis la poésie omniprésente et l’amour qui illumine ce récit, le rendant si émouvant. 

▪️ Quelques citations







▪️ Conclusion: COUP DE CŒUR 

+À lire pour comprendre ce qui pousse un être humain à choisir de vivre dans la rue.

- À éviter si les sujets sombres et mélancoliques ne sont pas votre tasse de thé. Âmes candides, passez votre chemin. 

Et vous, avez-vous déjà lu Bleu nuit de Dimah Abdallah? En avez-vous ressenti l'émoi? 

Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.


Littérairement vôtre,

Aïkà  

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02.05.2023